Dans notre précédent article Conquérir les vertus pour grandir en dignité, nous avons souligné l’importance des vertus et pourquoi nous avons besoin d’être vertueux. Voyons maintenant comment il est possible d'être vertueux dans la vie de tous les jours, tout en restant soi-même.

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Dans cet article, je vous montrerai : 

  • Pourquoi la perfection n'est pas là où on l'attend généralement 
  • Pourquoi être vertueux ne signifie pas forcément "changer de vie"
  • Comment trouver la vertu dans les situations auxquelles nous sommes confrontés

Une perfection sur-mesure

Je  peux vous poser une question ?  

Vous est-il déjà arrivé de ressentir de la satisfaction ou un sentiment de perfection dans votre vie de tous les jours ?

Comme par exemple quand vous organisez une rencontre avec des amis et que vous jouissez du moment présent, en constatant que chacun est à sa place, heureux d’être là…

Ou quand vous contemplez un paisible paysage de nature…

Ou encore en faisant la cuisine :

Vous êtes en train de préparer une sauce…

 Vous la goûtez, et là vous faites claquer votre langue et vous dites :

"C’est parfait ! Ni trop salé, ni pas assez… Juste comme il faut."

La perfection, ni trop, ni trop peu

Souvent, nous considérons la perfection comme quelque chose d’inatteignable, de froid, d’ennuyeux, voire même d’irritant… 

Sans doute parce que nous croyons qu’elle doit être libérée des limites et des sentiments qui sont les nôtres, déconnectée de ce que nous sommes … Mais c’est une fausse idée !

Le juste milieu

Dans l’Éthique à Nicomaque, Aristote écrit quelque chose de très intéressant à ce sujet :

« On peut s’effrayer, se montrer intrépide, nourrir des appétits, s'irriter, s’apitoyer et en somme éprouver du plaisir et du chagrin, tantôt plus, tantôt moins et dans les deux cas, sans que ce soit à bon escient…

...mais le faire quand on doit, pour les motifs, envers les personnes, dans le but et de la façon qu’on doit, cela constitue un milieu et une perfection, ce qui précisément relève de la vertu. »

Éthique à Nicomaque, livre II

En résumé, il existe une perfection que nous pouvons tous faire vivre, quel que soit ce que nous traversons: c’est la perfection de la justesse.

Et c’est là que se trouve la vertu.

Vous voulez un exemple ?

L’assiduité que nous mettons au travail est une vertu, mais si on ne s’arrête pas pour donner à notre esprit et à notre corps le repos et la détente dont ils ont besoin, ce que nous prenons pour de l’assiduité devient de l’acharnement et alors il ne s’agit plus d’une vertu, parce que cela cesse d’être bénéfique.

On pourrait dire la même chose dans le cas où le temps et l’attention que nous accordons à notre travail prendrait le pas sur le temps et l’attention que nous devons légitimement consacrer à notre entourage !

être vertueux, c'est ne pas être excessif

Être vertueux, c'est ne pas être excessif

Comment faire une action vertueuse ?

Faites preuve de discernement :

  • Ce qui est à priori « une bonne idée » ou « une bonne action » cesse d’être une action vertueuse quand elle n’est pas mise en oeuvre à bon escient. 
  •  Être vertueux, c'est tenir compte des autres et aussi de vous-mêmes ! 

Ainsi, rendre service est une bonne chose à priori, mais encore faut-il savoir quel service nous sommes capables de rendre, dans quelle mesure nous pouvons l’assumer et aussi qui en a besoin…

 On peut donc se poser 3 questions :

  1. 1
    que puis-je faire ?
  2. 2
    dans quelle mesure ?
  3. 3
    Pour qui ?

Les réponses à ces questions ne seront pas les mêmes pour une grand-mère retraitée, un jeune père de famille dans la vie active ou un enfant qui va à l’école.

Dans chacun de ces états nous sommes appelés à exercer la vertu, mais elle ne nous dictera pas de faire les mêmes choses. 

Sans compter que, suivant les circonstances, nous serons amenés à pratiquer telle ou telle vertu…

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À chaque moment sa vertu

Prenons une image :

Regardez comment la lumière se reflète sur les facettes d’un prisme :

différentes couleurs, différentes vertus

Selon le moment de la journée et le lieu où nous nous trouvons, elle donne naissance à des couleurs différentes.

De même, les situations que nous vivons réclament de nous des vertus variées.

Par exemple, lorsque nous attendons à la caisse d’un supermarché, la vertu que nous sommes appelés à exercer, c’est la patience.

Et lorsque nous recevons des confidences, la vertu que nous sommes appelés à exercer, c’est la discrétion.

Dans les situations complexes...

Toutefois, la plupart du temps, nous sommes face à des situations plus complexes. Il nous faut alors exercer plusieurs vertus à la fois. 

Si vous vous êtes déjà occupés d’enfants, vous le savez bien : pour les éduquer correctement, vous devez conjuguer la douceur et  la rigueur, la patience et la fermeté.

Ce n’est pas la célèbre Mary Poppins qui pourra me contredire…

Bienveillance et fermeté , l'attitude d'une personne vertueuse

" Je suis bienveillante mais extrêmement ferme."

Film de Walt Disney, 1964

... la synergie des vertus

 Imaginez qu’on vous demande de garder une information pour vous, mais que vous taire ferait du tort à quelqu’un... La discrétion n’est alors plus de mise, ou, pour parler plus justement, elle ne suffit plus.

 Pour trouver comment agir selon le Bien, il faut lui ajouter la vertu de justice.

C’est ce que j’appelle la synergie des vertus. 

Peut-être avez-vous déjà entendu parler du principe de synergie en aromathérapie : on combine plusieurs huiles essentielles différentes pour mieux répondre à un besoin spécifique. 

C’est comme si on composait un bouquet de vertus…ou un accord de couleurs !

Voilà comment on peut «mêler les couleurs des vertus les unes aux autres pour imiter la beauté » comme dit St Grégoire de Nysse. (voir la citation)

Car, pour reprendre une phrase d’Aristote dans l’Éthique à Nicomaque :

« La vertu a […] pour caractéristique de bien faire […] et d’exécuter de belles actions. » 

Éthique à Nicomaque, livre IV

Et même si nous n’avons pas tous la fibre artistique, en revanche nous avons tous la fibre vertueuse…

la conscience, notre "fibre vertueuse"

 Je  veux parler de notre conscience qui nous fait savoir quand nous nous éloignons ou quand nous nous rapprochons de la vertu. 

Plus nous l’écoutons, plus elle s’affine et devient sensible (ce qui est une très bonne chose).

Mais si nous choisissons de l’ignorer, nous aurons de plus en plus de mal à percevoir ses réactions.

Notre conscience est une sorte d'intuition naturelle qui nous pousse vers la vertu… 

En l’associant à notre expérience, à la réflexion et à la prière, il nous est possible d’avoir l’attitude juste que nous cherchons, cet équilibre qui est la marque du Bien et qui réjouit notre coeur, comme une musique harmonieuse.

N’oubliez pas les promesses de Jésus : « Demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez» (Évangile selon St Luc 11,9).

être vertueux, c'est jouer une harmonie

Être vertueux, c'est comme jouer juste 

Et si malgré tout, nous échouons ?

Dans ce cas, il n’y a qu’une seule chose à faire : pratiquer les vertus envers soi-même !

C’est le conseil que nous donne St François de Sales dans son livre L’Introduction à la vie dévote :

 « L’une des bonnes pratiques que nous saurions faire de la douceur, c’est [de l’appliquer à nous-mêmes], ne nous dépitant jamais contre nous-mêmes ni contre nos imperfections […]. 

  Beaucoup font une grande faute, lesquels, s’étant mis en colère, se courroucent de s'être courroucés, entrent en chagrin de s'être chagrinés, et ont du dépit de s'être dépités […].

 Quand notre cœur aura commis quelque faute, si nous le reprenons avec des remontrances douces et tranquilles, ayant plus compassion de lui que de passion contre lui, la repentance le pénètrera mieux […].

 Relevez donc votre cœur quand il tombera, tout doucement, et avec un grand courage et une grande confiance en la miséricorde [de Dieu], remettez-vous au train de la  vertu que vous aviez abandonnée.  »

Introduction à la vie dévote, III, 9

Vous voyez, il n’est jamais trop tard pour être vertueux !

De plus, il est aussi important de faire preuve de vertu envers nous-mêmes qu’envers les autres…

 En effet, comme le dit Ben Sira le Sage :

"Si on est dur avec soi-même, à qui montrera-t-on de la bonté ?"

Siracide 14,5

Être bienveillant envers soi-même

À qui demander conseil pour être vertueux ?

Dans le Siracide (qui est aussi appelé Ecclésiastique ou Livre de Ben-Sira le Sage), on trouve beaucoup de conseils bibliques pour nous guider dans notre vie et nous aider à faire les bons choix…

Comme par exemple ce verset :

"Ne consulte pas un peureux sur une lutte à mener.

Ne demande pas conseil à un envieux sur la reconnaissance, ni à un homme sans pitié sur la bonté ;

et ne demande pas son avis à un paresseux sur un travail à faire, […] ni à un domestique peu consciencieux sur un gros ouvrage à fournir."

            Siracide 37,11 (BFC)

Que veut dire cette parole ? 

En fait, si vous lisez attentivement ce texte, vous remarquerez que chacune des personnes mentionnées dans ce verset manque de vertu dans un domaine particulier :

  •  Le peureux manque de courage
  • L’homme dur manque de bonté
  • Le paresseux manque de la vertu de force
  • L’envieux manque de gratitude
  •  Le domestique peu consciencieux manque de soin

Aucun ne peut être de bon conseil dans une affaire qui demande d’agir selon la vertu qui lui fait défaut.

  •  Le peureux verra le courage comme de la témérité
  • L’homme dur considérera la bonté comme étant de la faiblesse
  • Le paresseux prendra la vertu de force pour de la tyrannie ou de l’impétuosité 
  • L’envieux confondra la gratitude avec l’hypocrisie ou la servilité
  •  Celui qui est peu consciencieux dira qu’une attitude soigneuse est maniaque ou perfectionniste

Comment cela se fait-il ?

C’est une question de contraste.

Voyez ce carré gris par exemple :

En fonction de l’environnement dans lequel il se trouve, nous le percevons différemment : on dirait qu’il n’a pas la même teinte.

C’est pourtant le même carré.

Ainsi, une personne qui manque de vertu dans son comportement de tous les jours aura tendance à juger qu’une attitude vertueuse est excessive, au lieu de la reconnaître comme juste et appropriée… d’où l’importance de cultiver les vertus !

Mieux vaut donc bien choisir ceux à qui on demande un conseil…mais que faire quand on n’a personne à qui s’adresser ?

Se tourner vers le seigneur

Écoutons ce que dit la suite du Siracide :

"Fie-toi aux projets que ton cœur te dicte : il n'y a pas de conseiller plus fidèle. L'homme est parfois averti par sa conscience mieux que par sept guetteurs placés en sentinelles au sommet d'une tour. 

Mais surtout demande au Très-Haut de conduire tes pas sur le vrai chemin."

            Siracide 37,13-15

Même si vous êtes seul au monde, il y a quelqu’un de fiable et de parfaitement vertueux à qui vous pouvez demander de l’aide jour et nuit : le Seigneur !

D’ailleurs, le prophète Isaïe lui donne le nom de « Conseiller merveilleux ».  (Isaïe 9.5)

Que Dieu nous confère la sagesse de percevoir ce qui est juste, la volonté de le choisir et la force de le défendre en toutes circonstances.

Film Lancelot, le premier chevalier (1995)

l'art d’être vertueux

 Il existe un art de pratiquer les vertus, comme il y a un art d’utiliser les couleurs.

Cet art ne s’apprend pas vraiment dans les livres ou dans les discours parce que les façons de l’exercer sont très variées.

C’est le Seigneur qui nous l’enseigne mieux que personne, autant par l’expérience que par les inspirations qu’il nous donne…

Par sa grâce, il éclaire et soutient notre bonne volonté.

Concrètement, ça veut dire quoi ?

  •  Si c’est Dieu qui inspire la vertu, pourquoi avons-nous parfois l’impression que les vertus nous écrasent ou nous emprisonnent ?
  • Pourquoi ressentons-nous de la révolte lorsqu’on nous parle de vertu ? 
  • Comment Dieu sanctifie-t-il par sa présence nos actes vertueux ?

 Pour approfondir toutes ces questions, je vous donne rendez-vous dans le troisième et dernier volet de cette série sur les vertus : Comprendre les vertus pour agir en enfants de Dieu.

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